La Mouette Qui Tousse

Je broie du black

Allo Docteur ? Faut faire quelque chose, ça devient urgent !

J’ai besoin d’aide, je me sens si seul.

Naufragé dans un océan d’incompréhension. Tout petit, tout petit et tout triste au milieu de la liesse générale.

Qu’est-ce que je vais devenir ?

Je sentais bien depuis le mois d’août que ça ne tournait pas rond. Dés les premières pages de l’Equipe sur la préparation de la Coupe du Monde, j’ai vu apparaître les premiers symptômes du malaise. Après on est très vite sorti de l’aspect sportif et les commentaires les plus intéressants c’était « Télé 7 Jours », « VSD » et « Paris-Match » qui les donnaient. Et quand j’ai vu Claire Chazal carrément sur la pelouse pour le match d’ouverture j’ai compris que je ne m’en remettrai pas.

Alors samedi soir la plaie s’est ouverte et quand la France a gagné, je me suis retrouvé comme un con à maudire cette victoire.

Depuis je suis perdu au milieu des concerts de klaxon, des olas et des chants d’allégresse.

Ridicule avec mon discours sur le rugby flamboyant où les avants sont gros, les deuxièmes lignes puissants, les troisièmes lignes grands, le demi de mêlée volant, l’ouvreur adroit, les centres créatifs, les ailiers rapides et l’arrière rassurant, où le sport n’est pas la guerre, où l’on peut gagner un jour sans être des héros et perdre le lendemain sans se couvrir d’infamie, où la bière a le même goût avant et après le match.

Démodé avec ma nausée des calendriers too much, des commentaires imbéciles, des récupérations politiques et de la diarrhée verbale d’un entraîneur aux 34 charnières !

La fin approche. Bientôt TF1 va récupérer le Tournoi des six Nations et on aura un peu de rugby en prime-time, sous les projecteurs entre les tunnels de pub, avec les analyses navrantes des camelots élevés à la mamelle du foot et donc toujours prêts à critiquer l’arbitrage tout en faisant l’apologie du respect et de la solidarité.

Au secours,  a l’aide ! Vite, un peu de soutien , un petit chouia d’amour !

Y a-t-il quelqu’un quelque part pour me comprendre ?

J’ai besoin de me sentir moins seul…

Carnet rosse

« Je suis une femme libre ! »

Ce que tout le monde a pris pour un slogan de campagne n’était qu’un simple annonce matrimoniale.

Reste à régler la garde des enfants !

Porter sa croix

Lors du dernier week-end, comme beaucoup d’entre vous, j’en suis sûr, j’ai glissé mon obole dans un tronc tendu par un jeune homme en tenue de la Croix Rouge. Cette collecte connaît certainement un franc succès. J’ai pu constater qu’autour de moi, dans la rue commerçante, de nombreuses personnes s’acquittaient de ce modeste don dans la bonne humeur.

Et là j’ai une vraie pensée, pleine d’admiration et de compassion, pour tous les bénévoles de la Croix Rouge.

D’abord il faut vouloir donner son temps pour la grande cause. Bravo !

Ensuite il est obligatoire de s’affubler d’une combinaison hideuse. Encore bravo !

Puis il est nécessaire de tenir debout des heures, le sourire aux lèvres et sans rechigner. Triple bravo !

Mais le plus dur, sans conteste, c’est d’entendre à longueur de journée tous les humoristes qui accompagnent leur offrande de la même formule : « Tenez Robert! Ah, c’est dommage, j’aurais préféré voir Adriana !»

Si vous ne l’avez pas entendu, c’est que vous êtes sourds ! Le tout accompagné de clins d’œil appuyés pour l’entourage et surtout pour bobonne qui fait semblant de rire depuis le premier jour. Vivre avec un comique c’est un art difficile.

Et le bénévole, dont le dévouement est sans faille, doit aussi s’esclaffer comme si on la lui faisait pour la première fois. Ah ! Ah ! Ah ! Elle est bien bonne !

Moi, sincèrement, je pourrais pas. Je finirais au poste et on verrait ma tronche e lendemain dans le journal avec ce sous-titre : « Un collecteur de la Croix Rouge éclate la tête d’un généreux donateur en le frappant sauvagement avec un tronc rempli de pièces »

Mauvais rêve.

La seule chose qui me ravit dans cette histoire c’est que je suis persuadé que, sur son marché parisien, la belle Adriana a croisé, en quêtant elle aussi, plein de Jean-Marie Bigard de sous –préfecture (c’est dire le niveau !) qui lui ont demandé, en bafouillant avec un sourire niais, où était Robert.

Les jours fériés, tant qu'il y en a...

…sont bons à prendre !

Aujourd’hui 8 mai,

Pavoisons !

Le retour des morts vivants

Miracle place de La Concorde !

Du fond de ma torpeur, j’ai aperçu, hier soir, sur le grand podium face au peuple en délire, des chanteurs que je croyais morts depuis longtemps.

Je me suis frotté les yeux mais non ! je ne rêvais pas !

Il fallut me rendre à l’évidence, Mireille Mathieu bougeait encore !

Une fois la surprise digérée, je me suis mis à guetter, à défaut d’espérer, l’apparition de Claude François, Jo Dassin, Mike Brant et tant d’autres qui font le bonheur de Radio Nostalgie mais Eména, après vérification, m’a confirmé que leur micro était, sans conteste, définitivement éteint.

Dommage ! La brochette n’en aurait été que plus belle.

De toute évidence ça laisse de grands espoirs sur le chapitre secret du programme de notre leur président : le volet culturel des dix (au minimum!) prochaines années.

Nul doute que le renouveau artistique de la France s’inspirera désormais des émissions de variétés de TF1 et des dimanches après-midi de Michel Drucker.

Pour illustrer mon propos cette œuvre qui transite momentanément par mon JukeBox et qui s’autodétruira dans quelques jours.

Deux précisions :

On n’est pas obligé d’écouter jusqu’au bout

Un petit clic ici si vous voulez détailler le texte à commenter du bac série L de juin 2008

Sois sage, ô ma douleur...

Atmosphère obscure...

J'ai envie de hurler...

Fatal crooner

« A la recherche de la nouvelle star » touche à sa fin.

Non, je ne parle pas de l’émission sur M6 mais bien du grand radio crochet national qui doit désigner l’artiste qui viendra, pendant les cinq ans à venir, pousser la chansonnette pour nous bercer tranquillement et roucouler "bonne nuit les petits" à nos cerveaux embrumés.

La dernière sélection a rendu son verdict et tout le monde ou presque se réjouit de l’élimination du vieux chanteur arrivé au pied du podium par surprise lors de la dernière édition.

Nous ne subirons plus ses ritournelles issues des partitions de fanfares militaires et remplies de fausses notes.

On peut s’en féliciter mais peut-être pas complètement. Car avez-vous bien écouté le ténor à talonnettes qualifié pour la finale ?

Il lui arrive de chanter les mêmes rengaines de bal populaire et sa voix a souvent des dissonances qui heurtent, elles aussi, nos oreilles.

Heureusement pour lui ce manque de justesse est parfaitement atténué par le grand orchestre qui l’accompagne. Les arrangements sirupeux et les nappes de violons compensent les petits couacs à la mélodie qui font frémir les mélomanes. Et les clins d’œil appuyés à la foule masquent à dessein les faussetés dans l’interprétation.

Méfions-nous.

Ce que je redoute le plus c’est son envie manifeste, s’il gagne, de virer tout son Big Band pour ne plus chanter qu’a capella.

Ça peut vite nous vriller les tympans !

La tête de l'emploi

Avec le retour du printemps (faut y croire !) voici venu le week-end où la petite lucarne accroche un petit ruban rouge au coin de l’écran (non mamy, c’est pas vos lunettes, c’est la télé !).

On peut penser ce qu’on veut de cette opération qui offre une décoration à tous ceux qui pointent leur tronche dans le bocal, de la grande papesse du JT dominical au spectateur anonyme du troisième rang de Qui Veut Gagner Des Millions, c’est toujours un plaisir de retrouver Line Renaud et tous ses copains et copines de la chanson française. Ce soir sur France 2 (honneur au service public !) on nous promet un florilège de mélodies sirupeuses et de générosité itou (tourloutoutou !)

Mais comment font-ils tous ces artistes pour être présents tous les samedi soirs sur le front de la romance en duo et de la solidarité universelle?

Les nouveaux esclaves du travail à la chaîne ! Un modèle pour tous les fainéants de ce pays en décrépitude. Pas l’ombre d’un syndicat, rien que des bénévoles voués à l’extinction du malheur sur la planète Terre !

Et avec ça, toujours le sourire et un sens aigu de la fête pour le bonheur des grandes causes.

J’ai vu la bande annonce de l’émission de ce soir, ça devrait être génial. Mes amis, faut pas rater ! Un grand moment d’émotion.

Avec une mention spéciale à Pascal Obispo qui, laissant parler son cœur comme d’habitude, poussera la conscience professionnelle jusqu’à se coiffer d’un préservatif prêt à être déroulé.

Pourvu que la facétieuse Line…

Mon obole pour le JukeBox avec un duo, Bob Dylan & Paul Simon, qu’on n’entendra pas ce soir. Et tant mieux !

Tempête sous un crâne

Respire bien...là...calme toi...souris...encore...

Putain, c’est long !

Faut que je me concentre. J’ai la jambe gauche qui commence à trembler.

Merde, faut pas que j’y pense ! Ça va tout déclencher...Et voilà ! j’en étais sûr, je me mets à cligner des yeux.

Ah! ça n’en finit pas. Et l’autre qui ramène une question.

Ouais... ça j’aime bien. Je vais leur emballer mon couplet sur l’euro. C’est du réchauffé mais...pfff !.. c’est bon, ça passe…

Allez, dans un p’tit quart d’heure c’est fini. Pas de connerie, reste zen.

Une autre question.

Oui, cette dame, ça me va. Depuis le début elle approuve tout ce que je dis... Bois une gorgée en l’écoutant... C’est pas vrai, elle lit dans mes pensées ! La croissance, j’attendais que ça! C’est bon, on va finir là-dessus. Je vais mettre le paquet... Le moustachu, au troisième rang, je le fais bander. Il a l'oeil qui brille...Mais bien sûr qu’on peut remettre les chômeurs au travail. Je veux, mon neveu !

Encore huit minutes. Faudrait que quelqu’un relance là-dessus... C’est pas difficile, un petit commentaire sur ceux qui préfèrent toucher des aides plutôt que se lever le matin... Faut tout leur dire. Désespérant !.. C’est toujours pareil à France 2, complètement mou du genou !…Le casting était meilleur l’autre soir à TF1.

Oh non ! Je sens que l’autre tarte elle en demande encore. J’ai jamais pu m’y faire à celle-là. On se demande chez quel coiffeur elle va...Et dire qu’on paye ça avec nos impôts...De près, c'est un remède contre l'amour...Ils pensent à quoi dans les rédactions? Une journaliste en prime-time ça devrait être une bombe. Audimat ! Oh, dis, mate !

Non là tu t’égares, t’es un peu trop cool, concentre-toi. Encore cinq minutes.

Quoi ? Encore une question ! Mais on a déjà fait le tour de tout... Ah ouais ! le système éducatif…Putain, je me remets à trembler!... Pense à ton genou, penche-toi, appuie-toi  dessus... Merde, encore ces paupières qui me font leur numéro de claquettes!.. Alors, les profs. Bon d’accord, c’est les meilleurs...ça m’énerve rien que de le dire!.. Mais faut les remettre dans les bons rails...Oh ! le moustachu est d’accord…Une petite couche sur les droits et les devoirs...surtout les devoirs... Là j’ai l’air un peu raide...Souris...Souris...Ça commence à couler dans mon dos...Respire...Panique pas, ils ont l’air contents, tu les tiens bien.

Merde, j’ai failli regarder ma montre!.. Fais pas le con, tu touches au but !

Oh non ! Une dernière question!.. Putain, c’est la beurette ! Je sens le coup tordu...J'ai plus rien dans mon verre... Ben voilà, gagné ! L’avenir des jeunes de banlieues. Pourquoi les gens n’habitent pas tous en centre ville !.. J’ai l’air de plaisanter mais je suis mal…Tout nerf !

Elle l’a dit ! ELLE L’A DIT !

J’voulais pas qu’on parle d’Argenteuil ! J’lui avais dit à madame droopy...C’est pas juste de se prendre un penalty dans les prolongations...Je sens que je m’enterre... Je suis pas bon!...Ça doit se voir que je noie le poisson ... Merde ! je tremble de tous les côtés ... Pourvu que mon épaule...Putain, n’y pense pas !.. Ça y’est ! elle se met en branle !

Mais qu’est-ce que je fous là ?!!!

Pourquoi j’ai rêvé de ça ?

Je suis certain qu’au bout du compte je vais me vautrer.

C’est comme à l’école quand j’étais petit, personne ne m’aime.

J’veux pas y aller, j’suis malade, je veux rester sous la couette.

Un câlin, maman, j’ai envie d’un câlin...

Toujours vivant !

Gamin, j’ai découvert l’Abbé Pierre à travers une bande dessinée parue en épisodes hebdomadaires dans le journal Bayard. Elle racontait l’histoire de la fondation des Chiffonniers d’Emmaüs et du terrible hiver 54.

Je recherche en vain, depuis longtemps, cette BD qu’avec mon frère nous avions dévorée et dont nous admirions le héros, ce petit homme barbu en soutane pour qui rien n’était impossible.

Depuis, il s’est installé pour toujours dans ma vie et dans mon cœur.

Aujourd’hui, évidemment, je repense au héros de mon enfance et je mesure tout ce qu’il nous a appris.

La nécessité de la révolte et l’obligation de la solidarité devant les injustices du monde.

Au-delà des partis et des religions.

Une main qui se tend vers une autre. Sans attendre les lois d’un gouvernement. Sans perdre de temps à déplorer qu’on en soit là et que rien ne se fasse.

Ceux qui ne donnent jamais parce que « c’est à l’Etat de faire ça ! », qui souvent se sont moqués de l’Abbé Pierre, ont, depuis longtemps, perdu la partie. Ils ont dû s'incliner devant la ténacité de celui qui préférait agir plutôt qu'attendre et qui a consacré sa vie à l'amour de son prochain, faisant reculer la misère et naître l'espoir derrière lui.

Repose en paix, Henri Grouès. Tu auras semé des fruits pour l’éternité et d’autres sauront suivre tes pas et prendre la relève.

Et moi, pour faire référence à ma précédente note, plutôt qu’un « enfant de la télé » je resterai à jamais un « enfant de l’Abbé ».