Pour moi, acheter une voiture ça ressemble plutôt à une corvée. Depuis quelques semaines, en raison de cette nécessité, je subis les assauts courtois mais terriblement insistants d’un jeune commercial au sourire aussi carnassier que la blancheur de sa dentition. Ca m’agace parfois beaucoup mais j’évite de me fâcher, estimant que ce harcèlement se nourrit de mes hésitations.
J’ai réussi à rompre le contact depuis une semaine et à l’issue du dernier week-end où le troquet m’avait bien occupé, j’avais déjà oublié le baratin, les boniments, les discussions de marchand de tapis, les équipements de série, les options facultatives mais incontournables, les surcoûts dont on ne parle pas mais que tout le monde connaît, etc…etc…
Bref, dimanche soir, j’étais vraiment zen quand j’ai allumé la télé pour voir le journal.
Et Paf ! Claire Chazal recevait un vendeur de voiture !
Mais là, un champion du monde. Le modèle qu’il proposait n’avait jamais roulé, portait un nom idiot qui sonnait faux, était déjà mal noté par un tas de spécialiste du marché. Et bien, ce mec, il parlait de son produit en vous regardant droit dans les yeux et ça marchait. Un hypnotiseur.
Pour éviter de croiser son regard, je regardais Clair Chazal. Elle était sous le charme, totalement envoûtée. Je la voyais céder progressivement. Elle ne résistait plus. Un instant, j’ai cru qu’elle allait se lever pour aller chercher son chéquier. Et l’autre continuait, en détachant chaque mot, parlant de plus en plus lentement. Le professionnalisme à ce niveau, ça fout les jetons. Heureusement que des types comme lui se limitent à la vente de bagnoles parce qu’on imagine facilement les dégâts qu’ils pourraient faire dans d’autres domaines. J’en frémis encore.
Enfin, dans un dernier sursaut de lucidité, Claire s’est reprise et à réussit à mettre un terme à l’entretien. Avec soulagement, on a pu passer à la partie magazine de fin de journal, avec les reportages habituels plus légers : Irak, Iran, famine en Afrique, attentats, prises d’otages…Tout ce qui permet d’arriver en douceur vers l’ultime moment d’anxiété, la météo de la semaine.
On annonçait le retour du soleil. Standing ovation.
En y repensant, je me demande si l’autre, la voiture qu’il cherche à nous vendre, il a pensé à y mettre la clim. Parce que bientôt, ça risque de chauffer !
Ca n'a rien à voir, mais ça lave la tête!
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