En début de semaine, je vous parlais des bombes à sous-munitions qui tuent, défigurent, déchiquètent et amputent, longtemps encore après la fin des conflits. Quand on évoque ces armes scélérates et leurs séquelles on oublie soudain le petit rhume, les maux de tête, le dos vacillant, l’épaule douloureuse, tous ces petits riens qu’on travestit souvent en handicap permanent.
Faut savoir de temps en temps relativiser et se rappeler ce qu’est un vrai malheur.
Se dire aussi que ce n’est pas banal de connaître le bonheur d’avoir ses deux jambes. Et de pouvoir courir, transpirer, se faire taper le cœur, s’essouffler, sentir ses muscles travailler, aller au bout et tout donner.
Personne n’est obligé de faire du sport pour être bien dans sa peau mais moi je pourrais difficilement m’en passer. Et particulièrement à travers des épreuves de longue haleine. Avec l’âge on remplace la puissance par l’endurance. C’est physique et mental à la fois.
Actuellement, comme tous les ans à la même époque je prépare la SaintéLyon, un truc de fou dont le départ est donné à 00 heure le premier dimanche du mois de décembre.
68 kms de nuit entre Saint-Etienne et Lyon, à travers la campagne, par des sentiers escarpés, des chemins de plaies et de bosses où la boue est toujours là pour vous tendre des pièges, où les racines au milieu des bois vous font des crocs-en-jambe quand la fatigue rend le pied plus lourd et où, à la fin du périple, la moindre butte devient un Everest, pour terminer hagard, meurtri, au-delà de l’épuisement mais fier d’avoir réussi à étouffer la petite musique qui depuis longtemps vous murmurait d’abandonner.
Je m’entraîne pour cette nuit d’efforts avec mes complices habituels, Pierre, Jean-François, René et Bernard. Nous nous soutenons pour affronter la distance et les 1300 m de dénivelé.
Le soir de la course nous serons 6000 et comme chaque année, malgré la galère qui nous attend ce sera pour moi un vrai plaisir de prendre le départ avec mes amis.
Au milieu de la nuit, le ballet des frontales et le bonheur d’avoir deux jambes pour courir !
* Pardon, Jean-François
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